Ainsi ai-je entendu : une fois, le Bienheureux séjournait au parc d’Anāthapiṇḍika, situé dans le bois de Jeta, près de la ville de Sāvatthi.

En ce temps-là, l’Āyasmanta Kumāra-Kassapa demeurait dans la forêt dite Andhavana. Un jour, vers minuit, une certaine divinité, ayant des couleurs très impressionnantes, venant en illuminant l’ensemble d’Andhavana, s’approcha de l’endroit où se trouvait l’Āyasmanta Kumāra-Kassapa. S’étant approchée, elle resta debout à l’écart sur un côté. Étant debout à l’écart sur un côté, cette divinité dit à l’Āyasmanta Kumāra-Kassapa : « Ô bhikkhu, cette termitière fume pendant la nuit, et elle s’enflamme pendant la journée. À ce propos, un brāhmane dit : « Ô homme intelligent, prenez un instrument, et fouillez cette termitière. » L’homme intelligent a fouillé, il a vu un verrou et il a dit : « Ô honorable, il y a un verrou. » Le brāhmane dit : « Faites sortir le verrou, ô homme intelligent, prenez l’instrument, et fouillez encore. » L’homme intelligent fouille, il voit une grenouille et il dit : « Ô honorable, il y a une grenouille. » Le brāhmane dit : « Faites sortir la grenouille, ô homme intelligent, prenez l’instrument, et fouillez encore. » L’homme intelligent fouille, il voit une fourche et il dit : « Ô honorable, il y a une fourche. » Le brāhmane dit : « Faites sortir la fourche, ô homme intelligent, prenez l’instrument, et fouillez encore. » L’homme intelligent fouille, il voit une passoire et il dit : « Ô honorable, il y a une passoire. » Le brāhmane dit : « Faites sortir la passoire, ô homme intelligent, prenez l’instrument, et fouillez encore. » L’homme fouille, il voit une tortue et il dit : « Ô honorable, il y a une tortue. » Le brāhmane dit : « Faites sortir la tortue, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore. » L’homme fouille, il voit un couteau de boucher et sa planche et il dit : « Ô honorable, il y a un couteau de boucher et sa planche. » Le brāhmane dit : « Faites sortir le couteau de boucher avec sa planche, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore. » L’homme intelligent fouille, il voit un morceau de chair et il dit : « Ô honorable, il y a un morceau de chair. » Le brāhmane dit : « Faites sortir le morceau de chair, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore. » L’homme intelligent fouille, il voit un serpent et il dit : « Ô honorable, il y a un serpent. » Le brāhmane dit : « Laissez le serpent où il est, ô homme intelligent, et ne dérangez pas le serpent, vénérez le serpent. » Alors, ô bhikkhu, posez cette énigme au Bienheureux et gardez bien dans votre mémoire ce qu’il explique à ce propos. Je ne vois personne dans ce monde constitué des dieux, des Mārās, des Brahmās, des samanas et des brāhmanes, qui soit capable de satisfaire en donnant une explication à cette énigme, sinon le Tathāgata ou un auditeur du Tathāgata. » Après avoir dit cela, cette divinité se rendit invisible, sur le lieu même.

L’Āyasmanta Kumāra-Kassapa alors, à la fin de la nuit, s’approcha de l’endroit où se trouvait le Bienheureux. S’étant approché, il lui rendit hommage, puis s’assit à l’écart sur un côté. S’étant assis à l’écart sur un côté, l’Āyasmanta Kumāra-Kassapa dit au Bienheureux : « Cette nuit, Vénéré, une certaine divinité, ayant des couleurs très impressionnantes, venant en illuminant l’ensemble d’Andhavana, s’approcha de l’endroit où j’étais. S’étant approchée, elle resta debout à l’écart sur un côté. Étant debout à l’écart sur un côté, cette divinité m’a dit : “Ô bhikkhu, cette termitière fume pendant la nuit, et elle s’enflamme pendant la journée. […] L’homme intelligent a fouillé, il a vu un serpent et il dit : ‘Ô honorable, il y a un serpent’. Le brāhmane dit : ‘Laissez le serpent où il est, ô homme intelligent, et ne dérangez pas le serpent, vénérez le serpent’. Alors, ô bhikkhu, posez cette énigme au Bienheureux et gardez bien dans votre mémoire ce qu’il explique à ce propos. Je ne vois personne dans ce monde constitué des dieux, des Mārās, des Brahmās, des samanas et des brāhmanes, qui soit capable de satisfaire en donnant une explication à cette énigme, sinon le Tathāgata ou un auditeur du Tathāgata”. Après avoir dit cela, cette divinité se rendit invisible, sur le lieu même. Vénéré, quelle est cette termitière ? Que signifie la fumée dans la nuit ? Que signifie le fait de s’enflammer dans la journée ? Qui est ce brāhmane ? Qui est cet homme intelligent ? Quel est cet outil ? Quel est cet acte de fouiller ? Quel est ce verrou ? Quelle est cette grenouille ? Quelle est cette fourche ? Quelle est cette passoire ? Quelle est cette tortue ? Quel est ce couteau de boucher ? Que signifie ce morceau de chair ? Qui est ce serpent ? »

Le Bienheureux dit : « Ô bhikkhu, “termitière” est une autre désignation pour ce corps fait de quatre grands éléments, issu de père et de mère, nourri de riz bouilli et de gruau, qui a pour nature de se transformer, de s’user, de s’écraser, de se briser, de se démolir.

“Fumer pendant la nuit” est une autre désignation pour les réflexions que l’on fait dans la nuit à propos des activités qu’on devrait effectuer pendant la journée.

“S’enflammer pendant la journée” est une autre désignation pour n’importe quelle activité effectuée, soit par le corps, soit par la parole soit par le mental, à laquelle on avait réfléchi pendant la nuit.

“Le brāhmane” est une autre désignation pour le Tathāgata qui est l’Arahant, l’Éveillé parfait.

“L’homme intelligent” est une autre désignation pour le pratiquant.

“L’outil” est une autre désignation pour la sagesse noble.

“Le fouillage” est une autre désignation pour l’effort énergique.

“Le verrou” est un autre nom pour l’ignorance. « Faites sortir le verrou, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore » signifie : « Débarrassez-vous de l’ignorance. »

“La grenouille” est une autre désignation pour l’agitation de la haine forte. « Faites sortir la grenouille, ô homme intelligent, et en prenant l’instrument, fouillez encore » signifie : « Débarrassez-vous de la haine forte. »

“La fourche” est une autre désignation pour la perplexité. « Faites sortir la fourche, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore » signifie : « Débarrassez-vous de la perplexité. »

“La passoire” est une autre désignation pour les cinq entraves, à savoir : la convoitise sensuelle, la malveillance, la torpeur physique et mentale, la langueur, l’inquiétude et le tracas, le doute. « Faites sortir la passoire, ô homme intelligent, prenez l’instrument et fouillez encore » signifie : « Débarrassez-vous de ces cinq entraves. »

“La tortue” est une autre désignation pour les cinq agrégats d’appropriation, à savoir : l’agrégat d’appropriation des matières, l’agrégat d’appropriation des sensations, l’agrégat d’appropriation des perceptions, l’agrégat d’appropriation des composants volitionnels, l’agrégat d’appropriation des consciences.

“Le couteau de boucher et sa planche” est une autre désignation pour les cinq sortes d’objets sensuels, à savoir : les formes matérielles connaissables par l’œil, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les sons connaissables par l’oreille, désirés, aimés, plaisants, charmants et pourvus de séduction ; les odeurs connaissables par le nez, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les saveurs connaissables par la langue, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les touchers connaissables par le corps, désirés, aimés, plaisants, charmants et pourvus de séduction.

“Un morceau de chair” est une autre désignation pour la volonté avide de désir sensuel. “Prenez l’outil, ô homme intelligent, faites sortir le morceau de chair” signifie : « faites éliminer la volonté avide de désir sensuel. »

“Le serpent” est une autre désignation pour le bhikkhu qui a éliminé les écoulements mentaux toxiques.

“Ne dérangez pas le serpent, vénérez le serpent” signifie donc “Ne dérangez pas ce bhikkhu, vénérez ce bhikkhu.”

Ainsi parla le Bienheureux. L’Āyasmanta Kumāra Kassapa, heureux, se réjouit des paroles du Bienheureux.

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MN23. La termitière

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