Ainsi ai-je entendu : une fois, le Bienheureux séjournait au parc d’Anāthapiṇḍika, situé au bois de Jèta, près de la ville de Sāvatthi.

En ce temps-là, un jour, le Bienheureux, s’étant habillé de bon matin, prit son bol à aumônes et son cīvara, puis entra dans la ville de Sāvatthi pour recevoir sa nourriture.

Au même moment, un grand nombre de bhikkhus s’approchèrent de l’endroit où se trouvait l’Āyasmanta Ānanda. S’étant approchés, il dirent à l’Āyasmanta Ānanda : « Ô frère Ānanda, depuis longtemps nous n’avons pas entendu un propos doctrinal de la bouche du Bienheureux. Il serait bien, ô frère Ānanda, que nous puissions trouver une occasion d’écouter un propos doctrinal en face du Bienheureux. »

L’Āyasmanta Ānanda dit : « Dans ce cas, ô frères, vous devez vous approcher de l’endroit où se trouve l’ermitage du brāhmane Rammaka. Il est très souhaitable que vous y trouviez une occasion d’écouter un propos doctrinal en face du Bienheureux. »

Le Bienheureux, après avoir terminé sa tournée d’aumônes, ayant fini son repas, dans l’après-midi, s’adressa à l’Āyasmanta Ānanda : « Si nous nous approchions de l’endroit où se trouve le long bâtiment construit par Migāra-Mātā, dans le parc de l’Est, ô Ānanda, pour y passer l’après-midi ! »

« Très bien, Vénéré », répondit l’Āyasmanta Ānanda au Bienheureux.

Ensuite, avec l’Āyasmanta Ānanda, le Bienheureux s’approcha de l’endroit où se trouve le long bâtiment construit par Migāra-Mātā, dans le parc de l’Est pour y passer l’après-midi.

À la fin de l’après-midi, s’étant levé de son repos solitaire, le Bienheureux s’adressa à l’Āyasmanta Ānanda : « Si nous nous approchions de l’endroit où se trouve le gué Pubbakoṭṭaka, afin de nous laver les mains et les pieds ! » « Très bien, Vénéré », répondit l’Āyasmanta Ānanda au Bienheureux.

Ensuite, le Bienheureux, avec l’Āyasmanta Ānanda, s’approcha de l’endroit où se trouve le gué Pubbakoṭṭaka, afin de se laver les mains et les pieds. S’étant lavé les mains et les pieds dans le gué Pubbakoṭṭaka, étant sorti de l’eau, le Bienheureux se trouvait [sur la rive] avec un seul cīvara, afin de se sécher les mains et les pieds.

À ce moment, l’Āyasmanta Ānanda dit au Bienheureux : « Vénéré, l’ermitage du brāhmane Rammaka se trouve très près d’ici. Cet ermitage du brāhmane Rammaka, Vénéré, est un lieu très agréable ! Cet ermitage du brāhmane Rammaka, Vénéré, est un lieu très plaisant ! Il serait bon que le Bienheureux, par pitié, s’approche de l’endroit où se trouve l’ermitage du brāhmane Rammaka. »

Par son silence, le Bienheureux accepta la demande de l’Āyasmanta Ānanda.

Ensuite, le Bienheureux s’approcha de l’endroit où se trouvait l’ermitage du brāhmane Rammaka. De nombreux bhikkhus s’étaient réunis dans l’ermitage du brāhmane Rammaka, et s’étant assis, étaient en train d’aborder des propos doctrinaux. Le Bienheureux resta debout sur le seuil en attendant que la discussion soit terminée. Lorsque le Bienheureux sut que la discussion était terminée, il toussa et frappa à la porte avec l’ongle du doigt. Les bhikkhus ouvrirent la porte au Bienheureux.

Étant entré dans l’ermitage du brāhmane Rammaka, le Bienheureux s’assit sur le siège préparé à son intention. S’étant assis, le Bienheureux s’adressa aux bhikkhus : « Quelle est la conversation, ô bhikkhus, qui vous tient maintenant assis en ce lieu ? À quel point votre conversation vient-elle de s’interrompre [à cause de mon arrivée] ? »

Les bhikkhus répondirent : « Vénéré, notre conversation doctrinale était justement à propos du Bienheureux. Alors, le Bienheureux lui-même est parvenu ici. »

Le Bienheureux dit : « Très bien, ô bhikkhus. Si vous étiez dans une conversation doctrinale, c’est très convenable pour les fils de famille comme vous qui ont quitté, à cause de la confiance sereine, la vie de foyer pour entrer dans une vie sans foyer. Lorsque vous êtes réunis, il y a deux choses à faire : soit entamer une conversation doctrinale, soit garder le noble silence. Il existe, ô bhikkhus, deux recherches : une recherche noble et une recherche ignoble. Quelle est la recherche ignoble ? Dans ce monde, tel individu, étant lui-même assujetti au phénomène de la naissance, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la naissance ; étant lui-même assujetti au phénomène de la vieillesse, il recherche pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la vieillesse ; étant lui-même assujetti au phénomène des maladies, il recherche pour lui quelque chose assujetti au phénomène des maladies ; étant lui-même assujetti au phénomène de la mort, il recherche pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la mort ; étant lui-même assujetti au phénomène des lamentations, il recherche pour lui quelque chose assujetti au phénomène des lamentations ; étant lui-même assujetti au phénomène de la salissure, il recherche pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la salissure.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène de la naissance ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène de la naissance. Les esclaves féminins et masculins constituent le phénomène de la naissance. Les moutons et les chèvres constituent le phénomène de la naissance. Les coqs et les cochons constituent le phénomène de la naissance. Les éléphants, les vaches, les bœufs, les chevaux et les juments constituent le phénomène de la naissance. L’or et l’argent constituent le phénomène de la naissance. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène de la naissance. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène de la naissance, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la naissance.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène de la vieillesse ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène de la vieillesse. Les esclaves féminins et masculins constituent le phénomène de la vieillesse. […]. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène de la vieillesse. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène de la vieillesse, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la vieillesse.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène des maladies ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène des maladies. Les esclaves féminins et masculins constituent le phénomène des maladies. […]. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène des maladies. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène des maladies, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène des maladies.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène de la mort ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène de la mort. Les esclaves féminins et masculins constituent le phénomène de la mort. […]. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène de la mort. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène de la mort, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la mort.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène de la lamentation ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène de la lamentation. Les esclaves féminins et masculins constituent le phénomène de la lamentation. […]. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène de la lamentation. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène de la lamentation, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la lamentation.

Que veut dire, ô bhikkhus, le phénomène de la salissure ? Les enfants et l’épouse constituent, ô bhikkhus, le phénomène de la salissure. Les domestiques féminins et masculins constituent le phénomène de la salissure. […]. Toutes ces sources du désir, ô bhikkhus, constituent le phénomène de la salissure. Pourtant, cet individu qui est enchaîné, infatué, pâmé, entré fortement [dans cette convoitise], étant lui-même assujetti au phénomène de la salissure, quête pour lui quelque chose assujetti au phénomène de la salissure.

Maintenant, ô bhikkhus, quelle est la recherche noble ? Dans ce monde, tel individu, étant lui-même assujetti au phénomène de la naissance, mais sachant le danger de la naissance, recherche le nibbāna qui est un état d’où la naissance est absente, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Lui, étant lui-même assujetti au phénomène de la vieillesse, mais sachant le danger de la vieillesse, recherche le nibbāna qui est un état d’où la vieillesse est absente, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Lui, étant lui-même assujetti au phénomène des maladies, mais sachant le danger des maladies, recherche le nibbāna qui est un état d’où les maladies sont absentes, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Lui, étant lui-même assujetti au phénomène de la mort, mais sachant le danger de la mort, recherche le nibbāna qui est un état d’où la mort est absente, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Lui, étant lui-même assujetti au phénomène de la lamentation, mais sachant le danger des lamentations, recherche le nibbāna qui est un état d’où les lamentations sont absentes, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Lui, étant lui-même assujetti au phénomène de la salissure, mais sachant le danger de la salissure, recherche le nibbāna qui est un état non souillé, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. C’est cela, ô bhikkhus, la recherche noble.

Moi, ô bhikkhus, dans une époque avant l’éveil, quand j’étais encore un bōdhisatta, étant moi-même assujetti au phénomène de la naissance, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la naissance. Étant moi-même assujetti au phénomène de la vieillesse, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la vieillesse. Étant moi-même assujetti au phénomène des maladies, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène des maladies. Étant moi-même assujetti au phénomène de la mort, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la mort. Étant moi-même assujetti au phénomène des lamentations, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène des lamentations. Étant moi-même assujetti au phénomène de la salissure, je recherchais pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la salissure.

Cependant, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène de la naissance, recherchais-je pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la naissance ? Pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène de la vieillesse, recherchais-je pour moi quelque chose assujetti au phénomène de la vieillesse ? Pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène des maladies, recherchais-je pour moi, quelque chose assujetti au phénomène des maladies ? Pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène de la mort, recherchais-je pour moi, quelque chose assujetti au phénomène de la mort ? Pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène des lamentations, recherchais-je pour moi, quelque chose assujetti au phénomène des lamentations ? Pour quelle raison, étant moi-même assujetti au phénomène de la salissure, recherchais-je pour moi, quelque chose assujetti au phénomène de la salissure ?

Étant moi-même assujetti au phénomène de la naissance, mais sachant le danger de la naissance, maintenant il serait bon pour moi que je recherche le nibbāna qui est un état d’où la naissance est absente, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens. […]. Étant moi-même assujetti au phénomène de la salissure, mais sachant le danger de la salissure, maintenant il serait bon pour moi que je recherche le nibbāna qui est un état non souillé, qui constitue la sécurité insurpassable par rapport aux liens.

Moi donc, ô bhikkhus, plus tard, à la période très propice de ma jeunesse, tout en étant pourvu de cheveux bleu-noir, pendant la première partie de ma vie, malgré l’avis de mes parents, malgré leurs gémissements, alors qu’ils avaient des visages pleins de larmes, j’ai quitté la vie de foyer pour entrer dans une vie sans foyer, ayant coupé mes cheveux et ma barbe, et m’étant revêtu de vêtements kāsāyas. Ainsi, étant un renonçant, étant chercheur de ce qui est efficace, en quêtant la voie incomparable pour la paix intérieure, en voyageant, je me suis approché de l’endroit où se trouvait Ālāra Kālāma. M’étant approché, j’ai dit à Ālāra Kālāma : “Ô ami Kālāma, je voudrais mener la conduite pure dans votre doctrine et discipline.”

Ô bhikkhus, quand j’ai dit cela, Ālāra Kālāma m’a répondu : “Menez, ô ami, la conduite pure ici dans cette doctrine où un homme intelligent peut apprendre toute sagesse de son maître et peut, sans tarder, connaître par sa propre expérience les résultats et y demeurer.” Alors, moi, ô bhikkhus, j’ai appris cette doctrine sans tarder et très rapidement. Je peux dire que jadis ma connaissance était limitée simplement à la récitation de ce qui avait été récité par les autres, simplement à l’acceptation de la tradition des anciens, une connaissance du bout des lèvres. Ainsi, j’ai prétendu tout comme les autres : “je comprends, je vois.”

Ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “Sûrement, cet Ālāra Kālāma qui dit : ‘J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’ ne déclare pas cela en se fondant uniquement sur la croyance. Sans aucun doute, il demeure tout en ayant la connaissance et tout en voyant cet état mental.” Alors, moi, ô bhikkhus, je m’approchai de l’endroit où se trouvait Ālāra Kālāma. M’étant approché, je lui dis : “Ô ami Kālāma, en vous situant à quel niveau dites-vous : ‘J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’ ? Étant questionné ainsi par moi, Ālāra Kālāma m’a exposé la ‘Sphère du Néant’. À ce moment-là, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “La confiance existe non seulement chez Ālāra Kālāma, mais moi aussi j’ai la confiance ; l’effort existe non seulement chez Ālāra Kālāma, mais moi aussi j’ai l’effort ; la capacité de la concentration mentale existe non seulement chez Ālāra Kālāma, mais moi aussi j’ai la capacité de la concentration mentale ; le discernement existe non seulement chez Ālāra Kālāma, mais moi aussi j’ai le discernement. Ālāra Kālāma déclare qu’il entre et demeure dans cet état mental en l’ayant atteint par sa propre connaissance directe. Il serait bon que moi aussi j’entre et demeure dans cet état mental en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe.” Moi, ô bhikkhus, sans tarder, rapidement je suis devenu capable d’entrer et de demeurer dans cet état mental en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe.

Ensuite, ô bhikkhus, je me suis approché de l’endroit où se trouvait Ālāra Kālāma. M’étant approché, j’ai dit à Ālāra Kālāma : “Ô ami Kālāma, est-ce en vous situant à ce niveau que vous dites : ‘J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’ ?” Étant questionné ainsi par moi, Ālāra Kālāma me répondit : “Oui, ô ami, c’est en me situant à ce niveau que je dis : ‘J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’. Je lui ai dit alors : “Moi aussi, ô amis, c’est en me situant à ce niveau que je dis : ‘J’entre et demeure dans cet état mental en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’. À ce moment, Ālāra Kālāma me dit : “C’est un avantage, c’est un profit pour nous d’avoir quelqu’un comme vous qui suit la conduite pure avec nous. Quant à moi, j’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe. Et vous aussi, vous entrez et demeurez dans le même état supra-normal tout en l’ayant atteint par votre propre connaissance directe. Vous entrez et demeurez dans cet état mental tout en l’ayant atteint par votre propre connaissance directe. Moi aussi, j’entre et demeure dans le même état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe. Si je connais un certain état mental, vous aussi, vous le connaissez. Si vous connaissez un certain état mental, moi aussi, je le connais. Si je suis quelqu’un, vous aussi, vous l’êtes. Si vous êtes quelqu’un, moi aussi je le suis. Maintenant, venez, ô ami, nous, tous les deux ensemble, nous dirigerons cette communauté.” De cette façon, ô bhikkhus, bien qu’Ālāra Kālāma soit mon maître, et bien que je sois son subordonné, il m’a placé dans une situation égale à la sienne. Il m’a vénéré par la vénération la meilleure. À ce moment, il me vint cette réflexion : “Cet état mental qui est limité à la “Sphère du Néant” ne constitue pas un moyen d’obtenir le désenchantement, ni le détachement, ni la cessation, ni l’apaisement, ni une compréhension spécifique, ni l’Éveil parfait, ni le nibbāna.” Alors moi, ô bhikkhus, étant déçu de cet état mental, sans m’y intéresser, en l’abandonnant, je suis parti.

Ensuite, ô bhikkhus, moi, étant chercheur de ce qui est efficace, en quêtant la voie incomparable pour la paix intérieure, en voyageant, je me suis approché de l’endroit où se trouvait Uddaka Rāmaputta. M’étant approché, j’ai dit à Uddaka Rāmaputta : “Ô ami Rāma, je voudrais mener la conduite pure dans votre doctrine et discipline.”

Ô bhikkhus, quand j’ai dit cela, Uddaka Rāmaputta m’a répondu : “Menez, ô ami, la conduite pure ici dans cette doctrine où un homme intelligent peut apprendre toute sagesse de son maître et peut, sans tarder, connaître par sa propre expérience les résultats et y demeurer. Alors, moi, ô bhikkhus, j’ai appris cette doctrine sans tarder et très rapidement. Je peux dire que jadis ma connaissance était limitée simplement à la récitation de ce qui avait été récité par les autres, simplement à l’acceptation de la tradition des anciens, une connaissance du bout des lèvres. Ainsi, j’ai prétendu, tout comme les autres : “je comprends, je vois.”

Ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “Sûrement cet Uddaka Rāmaputta qui dit : ‘J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe’ ne déclare pas cela en se fondant uniquement sur la croyance. Sans doute, il demeure tout en ayant la connaissance et tout en voyant cet état mental.” Alors, moi, ô bhikkhus, je m’approchai de l’endroit où se trouvait Uddaka Rāmaputta. M’étant approché, je lui dis : “Ô ami Rāma, en vous situant à quel niveau, dites-vous : J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe” ? Étant questionné ainsi par moi, Uddaka Rāmaputta m’a exposé la Sphère sans perception ni non perception. À ce moment-là, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “La confiance existe non seulement chez Uddaka Rāmaputta, mais moi aussi j’ai la confiance ; l’effort existe non seulement chez Uddaka Rāmaputta, mais moi aussi j’ai l’effort ; la capacité de la concentration mentale existe non seulement chez Uddaka Rāmaputta, mais moi aussi j’ai la capacité de la concentration mentale ; le discernement existe non seulement chez Uddaka Rāmaputta, mais moi aussi j’ai le discernement. Uddaka Rāmaputta déclare qu’il entre et demeure dans cet état supra-normal en l’ayant atteint par sa propre connaissance directe. Il serait bon que moi aussi j’entre et demeure dans cet état supra-normal en l’ayant atteint par ma propre connaissance spécifique.” Moi, ô bhikkhus, sans tarder, rapidement je suis devenu capable d’entrer et de demeurer dans cet état supra-normal en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe.

Ensuite, ô bhikkhus, je me suis approché de l’endroit où se trouvait Uddaka Rāmaputta. M’étant approché, j’ai dit à Uddaka Rāmaputta : “Ô ami Rāma, est-ce en vous situant à ce niveau que vous dites : “J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe” ?” Étant questionné ainsi par moi, Uddaka Rāmaputta me répondit : “Oui, ô ami, c’est en me situant à ce niveau que je dis : “J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe”. Je lui ai dit alors : “Moi aussi, ô ami, c’est en me situant à ce niveau que je dis : “J’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe”. À ce moment, Uddaka Rāmaputta m’a dit : “C’est un avantage, c’est un gain pour nous d’avoir quelqu’un comme vous qui suit la conduite pure avec nous. Quant à moi, j’entre et demeure dans cet état mental tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe. Et vous aussi, vous entrez et demeurez dans le même état mental tout en l’ayant atteint par votre propre connaissance directe. Vous entrez et demeurez dans cet état mental tout en l’ayant atteint par votre propre connaissance directe. Moi aussi, j’entre et demeure dans le même état supra-normal tout en l’ayant atteint par ma propre connaissance directe. Si je connais un certain état mental, vous aussi, vous le connaissez. Si vous connaissez un certain état mental, moi aussi, je le connais. Si je suis quelqu’un, vous aussi, vous l’êtes. Si vous êtes quelqu’un, moi aussi, je le suis. Maintenant, venez, ô ami, nous, tous les deux ensemble, nous dirigerons cette communauté.” De cette façon, ô bhikkhus, bien qu’Uddaka Rāmaputta soit mon maître, et bien que je sois son subordonné, il m’a placé dans une situation égale à la sienne. Il m’a vénéré par la vénération la meilleure. À ce moment, il me vint cette réflexion : “Cet état mental qui est limité à la Sphère sans perception ni non-perception ne constitue pas un moyen pour avoir un désenchantement, ni un détachement, ni une cessation, ni un apaisement, ni une compréhension spécifique, ni l’Éveil parfait, ni le nibbāna.” Alors moi, ô bhikkhus, étant déçu de cet état mental, sans m’y intéresser, en l’abandonnant, je suis parti.

Ensuite, ô bhikkhus, moi, étant chercheur de ce qui est efficace, en quêtant la voie incomparable pour la paix intérieure, en voyageant graduellement dans le pays des Magadhas, je suis arrivé au bourg nommé Sènānī situé à Uruvèlā. J’ai vu là-bas un terrain agréable à voir, un bel espace boisé, une rivière qui coule dont les rives étaient blanches et les gués bien situés, et aussi un village situé au voisinage pour obtenir la nourriture. Alors, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “Vraiment ce terrain est agréable à voir, l’espace boisé est beau, la rivière coule, et ses rives sont blanches et ses gués sont bien situés, le village pour obtenir la nourriture se trouve au voisinage. Voici un endroit convenable pour un fils de famille qui veut mener ses pratiques ardemment.” Ô bhikkhus, je me suis assis là-bas même en me disant : “Ici, ce lieu est très bon pour des pratiques ardentes.”

De cette façon, ô bhikkhus, moi, étant moi-même assujetti au phénomène de la naissance, voyant le danger du phénomène de la naissance, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où la naissance est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint le nibbāna qui est l’état d’où la naissance est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Moi, étant moi-même assujetti au phénomène de la vieillesse, voyant le danger du phénomène de la vieillesse, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où la vieillesse est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint le nibbāna qui est l’état d’où la vieillesse est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Moi, étant moi-même assujetti au phénomène des maladies, voyant le danger du phénomène des maladies, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où les maladies sont absentes, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint le nibbāna qui est l’état d’où les maladies sont absentes, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Moi, étant moi-même assujetti au phénomène de la mort, voyant le danger du phénomène de la mort, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où la mort est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint le nibbāna qui est l’état d’où la mort est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Moi, étant moi-même assujetti au phénomène des lamentations, voyant le danger du phénomène des lamentations, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où les lamentations sont absentes, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint le nibbāna qui est l’état d’où les lamentations sont absentes, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Moi, étant moi-même assujetti au phénomène de la salissure, voyant le danger du phénomène de la salissure, j’étais en quête du nibbāna qui est l’état d’où la salissure est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, et finalement j’ai atteint ce nibbāna qui est l’état d’où la salissure est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Il me vint cette compréhension : “La libération de ma pensée est inébranlable. Ceci est ma dernière naissance. Il n’y pas d’autres re-devenirs pour moi.”

À ce moment-là, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “Je suis parvenu à cette doctrine profonde, difficile à voir [par un individu ordinaire], difficile à comprendre [par un individu ordinaire], sereine, sublime, qui dépasse le domaine des arguments, expérimentée, susceptible d’être comprise par les sages. Cependant, les gens du monde entier se sont satisfaits des plaisirs, ils sont attachés aux plaisirs, ils sont enchantés des plaisirs. Pour les gens du monde entier qui se sont satisfaits des plaisirs, qui sont attachés aux plaisirs, enchantés des plaisirs, cette base doctrinale constituant la coproduction conditionnée est difficile à comprendre ; pour eux il est difficile de comprendre la doctrine consistant en l’apaisement de toutes les compositions, l’abandon de tous les substrats, l’élimination de la ‘soif’, le non attachement, la cessation, le nibbāna. Si je prêchais cette doctrine, et que les autres ne me comprennent pas, alors cela serait une fatigue pour moi ; cela serait un ennui pour moi.” Lorsque je réfléchissais ainsi, il me vint ces gāthās surprenants qui n’ont pas été entendus auparavant :

“Inutile d’exposer maintenant
La Doctrine à laquelle je suis parvenu
Elle n’est pas compréhensible facilement
Pour les gens écrasés par l’attachement et l’aversion.
Les gens qui sont échauffés par le désir et
Voilés par les ténèbres de l’ignorance
Ne voient pas la doctrine à contre-courant,
Efficace, profonde, difficile à voir”.

En réfléchissant ainsi, ô bhikkhus, ma pensée a penché vers l’indifférence, mais non pas à prêcher la Doctrine.

Alors, ô bhikkhus, le Brahmā Sahampati a connu, par sa propre pensée, ma pensée. Il lui vint cette réflexion : “Ô honorables, si la pensée du Tathāgata, qui est l’Arahant, l’Éveillé parfait, penchait vers l’indifférence, mais non pas à prêcher la Doctrine, alors, vraiment le monde serait détruit, vraiment le monde serait complètement détruit.” Ô bhikkhus, tout comme un homme fort étend son bras plié ou plie son bras étendu, de même ce Brahmā Sahampati, en se dispersant du monde des Brahmās, se présenta devant moi.

Ensuite, ô bhikkhus, ce Brahmā Sahampati, ayant mis son vêtement de dessus sur une seule épaule, ayant mis son genou droit à terre, en me rendant hommage, dit : “Que le vénéré Bienheureux prêche la Doctrine. Que le Sugata prêche la Doctrine. Dans le monde, il y a des êtres qui ont moins de passions. S’ils n’écoutaient pas la Doctrine, leur situation spirituelle décroîtrait. Il y aura des gens qui comprendront la Doctrine.” Ensuite, ô bhikkhus, Brahmā Sahampati, s’exprima par ces gāthās :

“Autrefois, dans le pays des Magadhas,
Apparut une doctrine impure
Créée par des maîtres pourvus de souillures.
Que la porte d’immortalité soit ouverte
Que les gens écoutent la Doctrine
Comprise par celui qui est immaculé
Tout comme celui qui reste sur un rocher
Voit les gens autour de lui,
Ô sage qui avez des yeux complets,
Vous, qui avez éliminé le chagrin,
Étant monté sur le Palais de Doctrine,
Regardez les gens qui sont entrés dans le chagrin,
Qui sont écrasés par la naissance et la décrépitude.
Ô héros, qui avez eu la victoire dans la bataille [sur Māra]
Qui n’avez pas de dette envers le monde,
Vous, qui êtes le “chef de caravane”,
Restez debout, et promenez-vous dans le monde
En prêchant la Doctrine.
Il y aura des gens qui vous comprendront”.

Ensuite, ô bhikkhus, ayant compris la requête de Brahmā Sahampati et aussi ayant de la compassion à l’égard des êtres vivants, je regardai le monde par les yeux d’un Éveillé. Lorsque, ô bhikkhus, je regardai le monde par les yeux d’un Éveillé, je vis les êtres pourvus de peu de souillures, les êtres pourvus de beaucoup de souillures, les êtres pourvus de facultés bien affinées, les êtres pourvus de facultés non affinées, les êtres pourvus d’un bon tempérament, les êtres pourvus d’un mauvais tempérament, les êtres dociles, les êtres indociles, certains êtres qui ont peur des fautes et de l’au-delà de la mort, certains êtres qui n’ont pas peur des fautes et de l’au-delà de la mort. C’est tout comme dans un étang de lotus bleus, ou dans un étang de lotus rouges, ou dans un étang de lotus blancs, certains lotus bleus, ou certains lotus rouges ou certains lotus blancs étant nés dans l’eau, ayant grandi dans l’eau, sans dépasser l’eau, poussent dans l’eau, mais certains lotus bleus, ou certains lotus rouges ou certains lotus blancs étant nés dans l’eau, ayant grandi dans l’eau, ayant dépassé l’eau, restent sans être mouillés par l’eau. De même, ô bhikkhus, lorsque je regardai le monde par les yeux d’un Éveillé, je vis les êtres pourvus de peu de souillures, les êtres pourvus de beaucoup de souillures, les êtres pourvus de facultés bien affinées, les êtres pourvus de facultés non affinées, les êtres pourvus d’un bon tempérament, les êtres pourvus d’un mauvais tempérament, les êtres dociles, les êtres indociles, certains êtres qui ont peur des fautes et de l’au-delà de la mort, certains êtres qui n’ont pas peur des fautes et de l’au-delà de la mort. Ensuite, ô bhikkhus, Je répondis à Brahmā Sahampati par ces gāthās :

“O Brahmā, les portes d’immortalité sont [désormais] ouvertes.
Que les gens qui peuvent écouter laissent libre leur confiance sereine.
C’est parce que j’ai perçu qu’il serait fatigant de prêcher
À ceux qui ne comprendraient pas la Doctrine sublime
Que je ne l’ai pas prêchée [jusqu’à maintenant]”.

Ensuite, ô bhikkhus, le Brahmā Sahampati se dit : “J’ai été assuré par le Bienheureux qu’il prêcherait la Doctrine.” Il me rendit hommage, puis il me fit la circumambulation et se rendit invisible, sur le lieu même.

Ensuite, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “À qui dois-je premièrement prêcher la Doctrine ? Qui est capable de comprendre cette doctrine rapidement ?” Il me vint alors cette réflexion : “Cet Ālāra Kālāma est un érudit, quelqu’un d’expérimenté, de sage ; depuis longtemps il a le tempérament de quelqu’un qui est pourvu seulement de peu de souillures. Il serait bien que je lui prêche la doctrine pour la première fois. Il comprendra cette doctrine rapidement.” À ce moment-là, une divinité s’approcha de moi et dit : “Vénéré, Ālāra Kālāma est mort il y a sept jours”. Ensuite, moi aussi, à travers ma propre vision je suis arrivé à la connaissance [de cette disparition]. Alors, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “C’est une grande perte pour Ālāra Kālāma. S’il avait eu l’occasion d’écouter cette Doctrine, il aurait pu la comprendre rapidement.

Ensuite, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “À qui dois-je premièrement prêcher la Doctrine ? Qui est capable de comprendre cette doctrine rapidement ?” Il me vint alors cette réflexion : “Cet Uddaka Rāmaputta est un érudit, quelqu’un d’expérimenté, de sage ; depuis longtemps il a le tempérament de quelqu’un qui est pourvu seulement de peu de souillures. Il serait bien que je lui prêche la doctrine pour la première fois. Il comprendra cette doctrine rapidement.” À ce moment-là, une divinité s’approcha de moi et dit : “Vénéré, Uddaka Rāmaputta est mort hier à la mi-nuit”. Ensuite, moi aussi, à travers ma propre vision, je suis arrivé à la connaissance [de cette disparition]. Alors, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “C’est une grande perte pour Uddaka Rāmaputta. S’il avait eu l’occasion d’écouter cette doctrine, il aurait pu la comprendre rapidement.”

Ensuite, ô bhikkhus, il me vint cette réflexion : “À qui dois-je premièrement prêcher la Doctrine ? Qui est capable de comprendre cette doctrine rapidement ?” Il me vint alors cette réflexion : Ces cinq bhikkhus m’aidaient beaucoup lorsque j’étais dans les pratiques ardentes. Il serait bon que je leur prêche la doctrine pour la première fois.” Ensuite, je réfléchis : “Où vivent maintenant ces cinq bhikkhus ?” Par mes yeux sur-humains extrêmement purs qui dépassent la capacité des yeux humains, j’ai vu que ces bhikkhus demeuraient dans le parc des daims situé à Isipatana, à Bārāṇasī.

Après avoir séjourné à Uruvèlā autant de temps que je voulais, je suis parti pour aller à Bārāṇasī. Sur la grande route entre Gayā et le Bōdhi, un ascète nu nommé Upaka qui était sur cette route, me vit de loin. M’ayant vu, il me dit : “Ami, vos facultés paraissent particulièrement plaisantes ; la complexion de votre peau est très pure, très éclatante. Au nom de qui avez-vous assimilé la vie sans foyer ? Qui est votre maître ? De quel maître admirez-vous la Doctrine ?”

Lorsqu’il m’eut posé ces questions, ô bhikkhus, je répondis à cet ascète nu Upaka par ces gāthās :

“En demeurant au-dessus de tout
Je sais tout et je n’ai aucun attachement à nulle chose.
J’ai détruit toutes les souillures mentales.
À la suite de l’élimination de la soif, je devins libre
Moi, tout seul je suis arrivé à la compréhension.
Comment y aurait-il un maître pour moi ?
Je n’ai pas de maître,
Quelqu’un égal à moi ne se trouve pas.
Dans ce monde y compris celui des dieux
Il n’y a pas un adversaire pour moi.
Dans le monde, je suis l’Arahant,
Je suis le maître incomparable
Je suis l’unique Éveillé parfait
[Ayant éteint tous les feux]
J’atteins l’état non brûlant,
Je me suis éteint.
Pour mettre en marche la roue de Doctrine
Je vais à la ville des Kāsis.
Dans ce monde aveuglé par l’ignorance
Je vais faire retentir le tambour de Doctrine”.
L’ascète nu Upaka me demanda alors : “Eh bien, ami, il me semble que vous prétendez être le “vainqueur sans limites”.
Je lui répondis :
“Ceux qui ont éliminé, comme moi,
Les écoulements mentaux toxiques
Peuvent être appelés “les vainqueurs”
J’ai vaincu les éléments mentaux méchants
Par conséquent, ô Upaka, je suis ‘le vainqueur’.”

Cela ayant été dit par moi, ô bhikkhus, l’ascète nu Upaka dit : “Peut-être est-il possible que cela soit vrai”, et ensuite, il secoua la tête et partit en prenant un chemin de traverse.

Quant à moi, en voyageant graduellement, étant arrivé à Bārāṇasī, je me suis approché de l’endroit où se trouvaient les cinq bhikkhus, dans le parc des daims situé à Isipatana. Lorsque j’arrivai, les cinq bhikkhus me virent de loin. Ayant vu, ils parlèrent entre eux : “Le voilà, ô frères, arrive le Samana Gōtama qui était devenu intéressé par les choses matérielles, qui a abandonné l’effort concernant des pratiques ardentes et qui est retourné à l’abondance. Alors nous ne devons pas aller lui rendre hommage ; nous ne devons pas aller “prendre son bol à aumône et son cīvara. Tout de même, laissons un siège. S’il veut, qu’il s’asseye”. Cependant, ô bhikkhus, lorsque je me suis approché d’eux, de plus en plus, ils n’ont pas pu tenir ce qu’ils avaient convenu. Alors, l’un d’eux est arrivé devant moi, a pris le bol à aumône et le cīvara ; un autre a préparé un siège pour s’asseoir ; un autre a apporté l’eau pour me laver les pieds. Cependant, ils se sont adressés à moi par le terme “ô ami”.

Lorsqu’ils se sont adressés à moi ainsi, ô bhikkhus, je leur dis : “Ô bhikkhus, il ne faut pas vous adresser au Tathāgata par le terme “ô ami”. Le Tathāgata, ô bhikkhus, est l’Arahant, l’Éveillé parfait. Ô bhikkhus, prêtez l’oreille. L’immortalité a été atteinte. Je vous donnerai des conseils. Je vous prêcherai la Doctrine. Lorsque vous vous comporterez selon ces conseils, vous parviendrez rapidement à ce but pour la réalisation duquel les fils de famille quittent leur foyer pour la vie sans foyer ; cet incomparable but de la conduite sublime ; réalisez-le et demeurez dans cette vie même.”

Cela étant dit par moi, ô bhikkhus, les cinq bhikkhus me dirent : “Ô ami Gōtama, avec tes comportements, avec tes méthodes concernant les pratiques rigoureuses, jadis tu n’as pas pu atteindre un état sur-humain quelconque, une connaissance qui consiste en une vision réaliste spéciale des êtres nobles. Comment alors, toi, qui étais devenu intéressé par les choses matérielles, qui as laissé tomber l’effort concernant des pratiques ardentes, qui es retourné à l’abondance, as-tu pu atteindre un état sur-humain quelconque, une connaissance qui consiste en une vision réaliste spéciale des êtres nobles ?”

Lorsqu’ils m’eurent dit cela, ô bhikkhus, je leur dis : “Ô bhikkhus, le Tathāgata n’est pas intéressé par les choses matérielles. Le Tathāgata n’a pas laissé tomber l’effort concernant les pratiques ardentes. Il n’est pas retourné aux choses matérielles. Le Tathāgata, ô bhikkhus, est l’Arahant, l’Éveillé parfait. Ô bhikkhus, prêtez l’oreille. L’immortalité a été atteinte. Je vous donnerai des conseils. Je vous prêcherai la Doctrine. Lorsque vous vous comporterez selon ces conseils, vous parviendrez rapidement à ce but pour la réalisation duquel les fils de famille quittent leur foyer pour la vie sans foyer ; cet incomparable but de la conduite sublime ; réalisez-le et demeurez-y dans cette vie même.”

Pour la deuxième fois aussi, ô bhikkhus, les cinq bhikkhus me dirent : “Ô ami Gōtama, avec tes comportements, avec tes méthodes concernant les pratiques rigoureuses, jadis tu n’as pas pu atteindre un état sur-humain quelconque, une vision réaliste spéciale des êtres nobles. Comment alors, toi qui étais devenu intéressé par les choses matérielles, qui as laissé tomber l’effort concernant les pratiques ardentes, qui es retourné à l’abondance, as-tu pu atteindre un état sur-humain, une vision réaliste spéciale des êtres nobles ?”

Pour la deuxième fois aussi, ô bhikkhus, je dis aux cinq bhikkhus : “Ô bhikkhus, le Tathāgata n’est pas intéressé par les choses matérielles. Le Tathāgata n’a pas laissé tomber l’effort concernant les pratiques ardentes. Il n’est pas retourné aux choses matérielles. Le Tathāgata, ô bhikkhus, est l’Arahant, l’Éveillé parfait. Ô bhikkhus, prêtez l’oreille. L’immortalité a été atteinte. Je vous donnerai des conseils. Je vous prêcherai la Doctrine. Lorsque vous vous comporterez selon ces conseils, vous parviendrez rapidement à ce but pour la réalisation duquel les fils de famille quittent leur foyer pour la vie sans foyer ; cet incomparable but de la conduite sublime, réalisez-le et demeurez-y dans cette vie même.”

Pour la troisième fois aussi, ô bhikkhus, les cinq bhikkhus me dirent : “Ô ami Gōtama, avec tes comportements, avec tes méthodes concernant les pratiques rigoureuses, jadis tu n’as pas pu atteindre un état sur-humain quelconque, une vision réaliste spéciale des êtres nobles. Comment alors, toi qui étais devenu intéressé par les choses matérielles, qui as laissé tomber l’effort concernant les pratiques ardentes, qui es retourné à l’abondance, as-tu pu atteindre un état sur-humain, une vision réaliste spéciale des êtres nobles ?”

Lorsqu’ils m’ont dit cela, ô bhikkhus, je leur dis : “Ô bhikkhus, est-ce que vous vous souvenez d’un moment où j’ai parlé de cette façon auparavant ?”

Ils m’ont répondu, enfin : “Non, Vénéré.”

Je leur dis alors : “Ô bhikkhus, le Tathāgata n’est pas intéressé par les choses matérielles. Le Tathāgata n’a pas laissé tomber l’effort concernant les pratiques ardentes. Il n’est pas retourné aux choses matérielles. Le Tathāgata, ô bhikkhus, est l’Arahant, l’Éveillé parfait. Ô bhikkhus, prêtez vos oreilles. L’immortalité a été atteinte. Je vous donnerai des conseils. Je vous prêcherai la Doctrine. Lorsque vous vous comporterez selon ces conseils, vous parviendrez rapidement à ce but pour la réalisation duquel les fils de famille quittent leur foyer pour la vie sans foyer ; cet incomparable but de la conduite sublime, réalisez-le et demeurez-y dans cette vie même.”

De cette façon, ô bhikkhus, j’ai pu convaincre les cinq bhikkhus. J’instruisais deux bhikkhus alors que les trois autres allaient quêter la nourriture et tous les six, nous vivions avec la nourriture ainsi apportée.

J’instruisais ces trois bhikkhus alors que les deux autres allaient trouver la nourriture et tous les six, nous vivions avec la nourriture ainsi apportée.

Ainsi, ô bhikkhus, les cinq bhikkhus étaient instruits par moi ; ils étaient conseillés par moi. Par conséquent, ô bhikkhus, ces cinq bhikkhus, étant eux-mêmes assujettis au phénomène de la naissance, voyant le danger du phénomène de la naissance, étant en quête du nibbāna qui est l’état d’où la naissance est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, ont finalement atteint ce nibbāna qui est l’état d’où la naissance est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. […]. Ces cinq bhikkhus, étant eux-mêmes assujettis au phénomène de la salissure, en voyant le danger du phénomène de la salissure, étant en quête du nibbāna qui est l’état d’où la salissure est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens, ont finalement atteint ce nibbāna qui est l’état d’où la salissure est absente, mais la sécurité insurpassable par rapport aux liens. Chez eux se produit la connaissance fondée sur la vision correcte leur permettant de se dire : “La libération de notre pensée est inébranlable. Celle-ci est notre dernière naissance. Il n’y a plus de redevenir.”

Il existe, ô bhikkhus, cinq choses prédisposant aux plaisirs sensuels. Quelles sont ces cinq choses ? Les formes connaissables par la conscience visuelle, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les sons connaissables par la conscience auditive, désirés, aimés, plaisants, charmants et pourvus de séduction ; les odeurs connaissables par la conscience olfactive, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les saveurs connaissables par la conscience gustative, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction ; les sensations tactiles connaissables par la conscience tactile, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction. Telles sont, ô bhikkhus, les cinq choses prédisposant aux plaisirs sensuels.

Ô bhikkhus, si un samana ou un brāhmane, étant enchaîné par ces cinq objets de la sensualité, étant ivre de ces cinq objets de la sensualité, étant fortement entré dans ces cinq objets de la sensualité, les consomme sans réfléchir à leur désavantage, sans employer la sagesse pour leur échapper, alors, il faut savoir que sa situation est la suivante : “Il est arrivé à un état hors progrès, à un état ruiné. Il est devenu quelqu’un à l’égard de qui le Méchant peut agir comme il le veut.”

Supposons, ô bhikkhus, qu’un daim de la forêt reste allongé sur des pièges. Alors, il faut savoir que sa situation est la suivante : “Il est arrivé à un état malheureux, à un état ruiné. Il devient quelqu’un sur qui le chasseur peut agir comme il le veut.” Car ce daim est incapable de partir par le chemin qu’il veut, lorsque le chasseur arrive. De même, ô bhikkhus, si un samana ou un brāhmane, étant enthousiasmé par ces cinq objets de la sensualité, étant ivre de ces cinq objets de la sensualité, étant fortement entré dans ces cinq objets de la sensualité, les consomme sans réfléchir à leur désavantage, sans employer la sagesse pour leur échapper, alors, il faut savoir que sa situation est la suivante : “Il est arrivé à un état hors progrès, à un état ruiné. Il est devenu quelqu’un à l’égard de qui le Méchant peut agir comme il le veut.”

Ô bhikkhus, si un samana ou un brāhmane, n’étant pas enthousiasmé par ces cinq objets de la sensualité, n’étant pas ivre de ces cinq objets de la sensualité, n’étant pas entré fortement dans ces cinq objets de la sensualité, ne les consomme pas, ayant réfléchi à leur désavantage, ayant employé la sagesse pour leur échapper, alors, il faut savoir que sa situation est la suivante : “Il n’est pas arrivé à un état malheureux, il n’est pas arrivé à un état ruiné. Il n’est pas devenu quelqu’un à l’égard de qui le Méchant peut agir comme il le veut.”

Supposons, ô bhikkhus, qu’un daim de la forêt soit sans être attaché, bien qu’il reste allongé sur les pièges, il n’est pas arrivé à un état malheureux, à un état ruiné. Il n’est pas devenu quelqu’un à l’égard de qui le chasseur peut agir comme il le veut. Car ce daim est capable de partir par le chemin qu’il veut, lorsque le chasseur arrive. De même, ô bhikkhus, si un samana ou un brāhmane, n’étant pas enthousiasmé par ces cinq objets de la sensualité, n’étant pas ivre de ces cinq objets de la sensualité, n’étant pas entré fortement dans ces cinq objets de la sensualité, ne les consomme pas, ayant réfléchi à leur désavantage, ayant employé la sagesse pour leur échapper, alors il faut savoir que sa situation est la suivante : “Il n’est pas arrivé à un état malheureux, il n’est pas arrivé à un état ruiné. Il n’est pas devenu quelqu’un à l’égard de qui le Méchant peut agir comme il le veut.”

Supposons, ô bhikkhus, qu’un daim de la forêt, en espace libre, se promène sans inquiétude, reste debout sans inquiétude, reste allongé sans inquiétude. Pour quelle raison ? La raison en est qu’il est en dehors du domaine du chasseur. De même, ô bhikkhus, un bhikkhu, s’étant séparé du désir, s’étant séparé des pensées inefficaces et négatives, il entre dans le premier jhāna pourvu de raisonnement et de réflexion, qui est joie et bonheur, nés de la séparation [des choses mauvaises] et il y demeure. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, ayant mis fin au raisonnement et à la réflexion, entre et demeure dans le deuxième jhāna qui est apaisement intérieur, unification de la pensée, qui est dépourvu de raisonnement et de réflexion, né de la concentration et qui consiste en bonheur. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, se détournant du bonheur, vit dans l’indifférence, conscient et vigilant, ressent dans son corps le bonheur pur, de sorte que les êtres nobles l’appellent “Celui qui, indifférent et attentif, demeure heureux” ; il entre et demeure dans le troisième jhāna. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu s’étant débarrassé du bonheur et s’étant débarrassé de la peine, ayant supprimé la gaieté et la tristesse antérieures, le bhikkhu entre et demeure dans le quatrième jhāna où ne sont ni plaisir ni douleur, mais qui est pureté parfaite d’attention et d’indifférence. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu ayant complètement dépassé la notion des formes, par suite de la disparition des notions de réaction, par suite de l’absence d’attention prêtée aux notions relevant de la diversité, arrive à l’idée : “l’espace est infini”, et il demeure dans cette Sphère de l’espace infini. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère de l’espace infini, et en développant sa pensée sur le concept : “la conscience est infinie”, entre et demeure dans la Sphère de la conscience infinie. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère de la conscience infinie, et en développant sa pensée sur le concept : “il n’y a rien”, entre et demeure dans la Sphère du néant. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère du néant, et en développant sa pensée sur le concept : “sans perception ni non-perception”, entre et demeure dans la Sphère sans perception ni non-perception. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant effacé la vision du Māra, il est devenu quelqu’un que le Méchant est incapable de voir.”

Et encore, ô bhikkhus, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère sans perception ni non-perception, entre et demeure dans la haute concentration d’où toutes les sensations et les perceptions ont cessé d’exister. Ayant vu par la sagesse intuitive, ses écoulements mentaux toxiques se sont désormais éliminés. Ô bhikkhus, à propos de ce bhikkhu on peut dire : “Il a aveuglé le Māra. Ayant détruit l’œil du Māra, il est devenu quelqu’un que Māra le Méchant ne peut pas voir. Dans le monde il a traversé la ‘soif’ dite visattikā. Étant dépourvu de la crainte, il se promène sans crainte, il reste debout sans crainte, il reste assis sans crainte, il reste allongé sans crainte.” Pour quelle raison ? La raison en est qu’il est en dehors du domaine du Méchant.”

Ainsi parla le Bienheureux. Les bhikkhus, heureux, se réjouirent des paroles du Bienheureux.

The Middle Discourses

|_A. The First Fifty

|__III. The Chapter of Similes

MN26. La recherche noble

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