Ainsi ai-je entendu : Une fois, le Bienheureux séjournait au parc d’Anāthapiṇḍika, situé dans le bois de Jeta, près de la ville de Sāvatthi.

En ce temps-là, un jour, le brāhmane Piṅgalakoccha s’approcha de l’endroit où se trouvait le Bienheureux. S’en étant approché, il échangea avec le Bienheureux des compliments de politesse et des paroles de courtoisie, puis s’assit à l’écart sur un côté.

S’étant assis à l’écart sur un côté, le brāhmane Piṅgalakoccha dit au Bienheureux : « Honorable Gōtama, il y a des samanas et des brāhmanes qui ont des communautés, des groupes, qui sont des maîtres de groupes, dirigeants, réputés, fondateurs des gués [spirituels] reconnus comme des sages par beaucoup de monde, par exemple : Pūraṇa Kassapa, Makkhalī Gōsāla, Ajita Kèsambakali, Pakudha Kaccāyana, Sañjaya Bèḷaṭṭhiputta, Nigaṇṭha Nāṭhaputta. Tous prétendent arriver à une connaissance profonde. Est-ce que tous sont arrivés à une connaissance profonde ? Ou bien certains y sont-ils arrivés, tandis que certains n’y sont pas arrivés ? »

Le Bienheureux dit : « Cela n’apporte rien, ô brāhmane, laissez de côté la question de savoir si tous ceux qui prétendent arriver à une connaissance profonde sont arrivés à une connaissance profonde, ou bien si certains sont arrivés, tandis que certains n’y sont pas arrivés. Je vous parlerai de la doctrine. Écoutez, fixez bien votre attention. Je vais vous expliquer. »

« Oui, Honorable », répondit le brāhmane Piṅgalakoccha au Bienheureux.

Le Bienheureux dit : « Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, l’écorce et les jeunes pousses, qu’il coupe des rameaux et des feuillages, les ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur. il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Il ne connaît pas les jeunes pousses. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, l’écorce et les jeunes pousses, coupe des rameaux et des feuillages, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, et l’écorce, qu’il coupe des jeunes pousses, les ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur. Il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, coupe les jeunes pousses, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, qu’il coupe l’écorce, et la ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur. Il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Il ne connaît pas les jeunes pousses. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, coupe l’aubier le ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, qu’il coupe le cœur et le ramasse et s’en aille. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme connaît le cœur. Il connaît l’aubier. Il connaît l’écorce. Il connaît les jeunes pousses, il connaît les rameaux et le feuillage. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, coupe le cœur, le ramasse et s’en va, en sachant que c’est là le cœur. Par conséquent, il obtient le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

De même, ô brāhmane, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de la popularité, il se vante et médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes en dehors de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il est insoucieux et laxiste.

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, l’écorce et les jeunes pousses, qu’il coupe des rameaux et des feuillages, les ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur, il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Il ne connaît pas les jeunes pousses. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, l’écorce et les jeunes pousses, coupe des rameaux et des feuillages, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

De même, ô brāhmane, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il se vante et médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, en dehors de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il est insoucieux et laxiste. Celui-ci, ô brāhmane, je le compare à l’individu qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, l’écorce et les jeunes pousses, coupe des rameaux et des feuillages, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.

Cependant, ô brāhmane, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes en dehors de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre les résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il se vante et médit des autres : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux  ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Il est insoucieux et laxiste.

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier et l’écorce, qu’il coupe des jeunes pousses, les ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur. Il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, coupe les jeunes pousses, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

De même, ô brāhmane, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes en dehors de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre les résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il se vante et médit des autres : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux  ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Il est insoucieux et laxiste. Celui-ci, ô brāhmane, je le compare à l’individu qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier et l’écorce, il coupe des jeunes pousses, les ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.

Ici, un certain individu, ô brāhmane, qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de la popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux, ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la concentration mentale. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il se vante et il médit des autres en disant : “C’est moi qui ai le mental concentré. Quant aux autres, ils ont le mental non-concentré.

Leur mental est dispersé. Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il est insoucieux et laxiste.

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, qu’il coupe l’écorce, le ramasse et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, ce bonhomme ne connaît pas le cœur. Il ne connaît pas l’aubier. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, il coupe l’écorce, la ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

De même, ô brāhmane, ici, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux  ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la concentration mentale. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il se vante et il médit des autres en disant : “C’est moi qui ai le mental concentré, Quant aux autres, ils ont le mental non-concentré. Leur mental est dispersé. Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il est insoucieux et laxiste. Celui-ci, ô brāhmane, je le compare à l’individu qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, l’aubier, il coupe l’écorce, la ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.

Ici, un certain individu, ô brāhmane, qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux  ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la concentration mentale. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “C’est moi qui ai le mental concentré. Quant aux autres, ils ont le mental non concentré. Leur mental est dispersé.” Ainsi, il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il est soucieux et rigoureux. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la connaissance fondée sur la vision réaliste. En raison de la connaissance fondée sur la vision réaliste qu’il a acquise, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de la connaissance qui consiste en la vision réaliste qu’il a acquise, il se vante et il médit des autres en disant : “Moi, je vis en sachant et en voyant. Quant aux autres, ils vivent sans savoir et sans voir.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance fondée sur la vision réaliste. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance qui consiste en la vision réaliste. Il est insoucieux et laxiste.

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, qu’il coupe l’aubier et s’en aille, en pensant que c’est là le cœur. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, cet homme ne connaît pas le cœur. Il ne connaît pas l’aubier. Il ne connaît pas l’écorce. Il ne connaît pas les jeunes pousses. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, coupe l’aubier, le ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.”

De même, ô brāhmane, ici, un certain individu qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, au dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux  ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la concentration mentale. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “C’est moi qui ai le mental concentré. Quant aux autres, ils ont le mental non concentré. Leur mental est dispersé.” Ainsi, il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes situés au-dessus de cette concentration mentale. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il est soucieux et rigoureux. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la connaissance fondée sur la vision réaliste. En raison de la connaissance fondée sur la vision réaliste qu’il a acquise, il est satisfait. Il est comblé de son sort. En raison de la connaissance fondée sur la vision réaliste qu’il a acquise, il se vante et il médit des autres en disant : “Moi, je vis en sachant et en voyant. Quant aux autres, ils vivent sans savoir et sans voir.” Ainsi, il ne fait pas naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance fondée sur la vision réaliste. Il ne tente pas d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance fondée sur la vision réaliste. Il est insoucieux et laxiste. Celui-ci, ô brāhmane, je le compare à l’individu qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, mais en négligeant le cœur, il coupe l’aubier, le ramasse et s’en va, en pensant que c’est là le cœur. Par conséquent, il n’obtient pas le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.

Ici, un certain individu, ô brāhmane, qui a quitté la vie du foyer pour entrer dans la vie sans foyer à cause de la confiance sereine, pense : “Je suis assailli par la naissance, par la vieillesse, par la mort, par le chagrin, par la tristesse, par la souffrance, par les lamentations et par le désespoir. Je verrai peut-être la cessation de tout ce monceau de dukkha.” Étant entré dans la vie sans foyer dans cet espoir, il acquiert des avantages matériels, du respect et de la popularité. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis renommé, c’est moi qui suis digne de dons. Quant aux autres bhikkhus, ils sont peu connus, peu estimés.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de ces avantages matériels, de ce respect et de cette popularité. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la maîtrise des sens. Il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de cette maîtrise des sens, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Parce que je suis vertueux, je suis agréable par ma conduite. Quant aux autres bhikkhus, ils ne sont pas vertueux ; ils ne sont pas agréables par leur conduite.” Il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette maîtrise des sens. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la concentration mentale. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de la concentration mentale qu’il a acquise, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “C’est moi qui ai le mental concentré. Quant aux autres, ils ont le mental non concentré. Leur mental est dispersé.” Ainsi, il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette concentration mentale. Il est soucieux et rigoureux. Étant soucieux et rigoureux, il atteint la connaissance fondée sur la vision réaliste. Cependant, à cause de la connaissance fondée sur la vision réaliste qu’il a acquise, il n’est pas satisfait. Il n’est pas comblé de son sort. En raison de la connaissance fondée sur la vision réaliste qu’il a acquise, il ne se vante pas ni ne médit des autres en disant : “Moi, je vis en sachant et en voyant. Quant aux autres, ils vivent sans savoir et sans voir.” Ainsi, il fait naître chez lui la volonté d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance qui consiste en vision réaliste. Il tente d’atteindre des résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance fondée sur la vision réaliste. Il est soucieux et rigoureux.

Maintenant, quels sont, ô brāhmane, les résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de cette connaissance fondée sur la vision réaliste ? Dans ce cas, ô brāhmane, le bhikkhu, s’étant séparé des désirs sensuels, s’étant séparé des pensées inefficaces, entre dans le premier jhāna pourvu de raisonnement et de réflexion, qui est joie et bonheur, nés de la séparation [des choses mauvaises] et il y demeure. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, ayant mis fin au raisonnement et à la réflexion, entre et demeure dans le deuxième jhāna qui est apaisement intérieur, unification de la pensée, qui est dépourvu de raisonnement et de réflexion, né de la concentration et qui consiste en bonheur. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, se détournant du bonheur, vit dans l’indifférence, conscient et vigilant, ressent dans son corps le bonheur pur, de sorte que les êtres nobles l’appellent “Celui qui, indifférent et attentif, demeure heureux” ; il entre et demeure dans le troisième jhāna. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, s’étant débarrassé du bonheur et s’étant débarrassé de la peine, ayant supprimé la gaieté et la tristesse antérieures, entre et demeure dans le quatrième jhāna où ne sont ni plaisir ni douleur, mais qui est pureté parfaite d’attention et d’indifférence. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu ayant complètement dépassé la notion des formes, par suite de la disparition des notions de réaction, par suite de l’absence d’attention prêtée aux notions relevant de la diversité, arrive à l’idée : “l’espace est infini”, et il demeure dans cette Sphère de l’espace infini. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère de l’espace infini, et en développant sa pensée concentrée sur le concept : “la conscience est infinie”, entre et demeure dans la Sphère de la conscience infinie. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère de la conscience infinie, et en développant sa pensée concentrée sur le concept : “il n’y a rien”, entre et demeure dans la Sphère du néant. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère du néant, et en développant sa pensée concentrée sur le concept : “sans perception ni non-perception”, entre et demeure dans la Sphère sans perception ni non-perception. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Et encore, ô brāhmane, ce bhikkhu, en transcendant complètement la Sphère sans perception ni non-perception, entre et demeure dans la haute concentration où il y a la cessation des sensations et notions. Ayant vu par la sagesse intuitive, ses écoulements mentaux toxiques sont désormais éliminés. Ceci, ô brāhmane, est aussi un résultat plus important, plus sublime, situé au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Tels sont, ô brāhmane, les résultats plus importants, plus sublimes, situés au-dessus de la connaissance fondée sur la vision réaliste.

Supposons, ô brāhmane, qu’un homme aille à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, qu’il coupe le cœur et le ramasse et s’en aille. Un homme qui a des yeux, qui a vu cet individu, se dira : “Sûrement, ce bon homme connaît le cœur. Il connaît l’aubier. Il connaît l’écorce. Il connaît les jeunes pousses. Cet homme qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide, voyant un grand arbre, coupe le cœur, le ramasse et s’en va, en sachant que c’est là le cœur. Par conséquent, il obtient le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.” Ce bhikkhu, ô brāhmane, je le compare à l’individu qui va à la recherche du cœur d’un grand arbre solide et, voyant un grand arbre, coupe le cœur, le ramasse et s’en va en sachant que c’est là le cœur. Par conséquent, il obtient le bienfait et l’utilité que le cœur pourrait lui donner véritablement.

De cette façon, ô brāhmane, cette conduite sublime n’a pas pour but d’acquérir des avantages matériels, du respect et de la popularité ; elle n’a pas pour but d’obtenir la maîtrise des sens, ni la concentration mentale, ni la connaissance fondée sur la vision réaliste, mais cette conduite sublime a pour but la libération inébranlable de la pensée. C’est le cœur, c’est la fin totale. »

Cela étant dit, le brāhmane Piṅgalakoccha dit au Bienheureux : « Merveilleux, honorable Gōtama, merveilleux honorable Gōtama. C’est comme si l’on redressait ce qui a été renversé, ou découvrait ce qui a été caché, ou montrait le chemin à celui qui s’est égaré, ou apportait une lampe dans l’obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir.

Ainsi, l’honorable a rendu claire la Doctrine de maintes façons. Moi, je prends refuge en l’honorable Gōtama, en la Doctrine et en le groupe des bhikkhus. Que l’honorable Gōtama veuille bien m’accepter comme l’un des disciples associés à partir d’aujourd’hui jusqu’à la fin de ma vie, moi qui ai pris refuge en lui. »

The Middle Discourses

|_A. The First Fifty

|__III. The Chapter of Similes

MN30. Le cœur d’un grand arbre solide : 2ème récit

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